Articles et communications

Cérémonie KILSTETT

- 5 janvier 2019 -

Monsieur le Maire,

Mon colonel, commandant adjoint de la région de gendarmerie du Grand Est pour les GGD du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, cher Marc,

Mon colonel commandant le GGM II/7 de Strasbourg, héritier du groupement Daucourt, cher Bernard,

Monsieur le général d’armée Jean-Régis Véchambre, président de la société nationale de l’histoire et du patrimoine de la Gendarmerie,

Monsieur le général de corps d’armée Edmond Buchheit, président du Trèfle,

Monsieur le lieutenant-colonel Didierdefresse représentant le général Ollier, gouverneur militaire de Strasbourg,

Monsieur l'adjoint au maire de Metz, colonel Planchette, délégué à la Défense et à la Mémoire, dont le père a combattu en ces lieux,

Messieurs les commandants d’escadron et gendarmes mobiles, héritiers des escadrons de la garde engagés à Kilstett,

Monsieur le président de l’UNPRG,

Madame la présidente des porte drapeaux et messieurs les porte drapeaux, fidèles entre les fidèles,

Madame et messieurs les présidents d’association et amis de la gendarmerie,

Mesdames et messieurs, officiers, sous-officiers d’active et de réserve de la gendarmerie nationale

Mesdames, messieurs, chers amis,

Je souhaite au préalable vous remercier, Monsieur le Maire, pour l'accueil chaleureux qui nous est réservé en ce 74^ème anniversaire des combats de Kilstett et renouveler mes félicitations aux décorés :

▪ le commandant Le Goff, qui a servi au Kosovo, en Afghanistan, au GIGN, et que j’ai eu plaisir à retrouver en qualité de directeur de l’équipement et de la logistique à Metz ;

▪ le chef d’escadron Eric Décheny, commandant l’escadron de sécurité routière des Vosges, qui a servi en Bosnie et en Macédoine ;

▪ le capitaine Alain Raynaud dont la riche carrière en gendarmerie mobile et 36 années de service l’ont conduit dans de nombreuses missions en métropole et outre-mer, à Alger, en Côte d’Ivoire, et à exercer pendant plus de 5 ans les fonctions d’adjoint au commandant du groupement de gendarmerie mobile de Strasbourg.

Je commencerai mes propos en me tournant vers les combattants de Kilstett et en particulier vers Mr Léon Gauzé, 99 ans, qui vous adresse ses vœux de bonheur, santé et paix, et me charge plus particulièrement de vous transmettre Monsieur le Maire, ainsi qu’à la famille de Madame Lapp, ses chaleureuses pensées.

Léon Gauzé, au sein du 5^e escadron de la Garde Républicaine, a participé à la Résistance au sein du maquis de la Haute-Loire, aux combats de la Libération à Vichy et Lyon. Au sein de la 3^e armée américaine du général Patton, il fut l’un des trois premiers soldats à entrer dans Metz avant de rejoindre les combats d’Alsace.

Nous pensons à lui comme nous pensons au général Louis Baudonnet, engagé volontaire en 1941, devenu par la suite l’officier de gendarmerie le plus décoré jusqu’à sa mort en avril 2014, au fil d’un parcours d’exception qui l’emmena de Kilstett à la Cochinchine, de l’Algérie au Togo, et pour finir au GIGN.

C’est vers eux, mais aussi vers tous leurs compagnons d’arme, leurs familles, les civils d’une Alsace meurtrie qui ne sera libérée qu’en mars 1945, que nous nous tournons.

Notre vie est faite de coïncidences, ou peut-être de signes.

Il y a quelques semaines, vous preniez la décision de donner à cette place le nom de colonel Beltrame. Depuis lors, l’Alsace toute entière a été meurtrie par l’attentat du marché de Noël à Strasbourg et ce choix résonne aujourd’hui d’une terrible actualité. Car en honorant la mémoire du colonel Beltrame, vous avez fait le choix d’honorer la résistance au terrorisme, le don de soi jusqu’au sacrifice, le refus de céder à la peur.

Cet officier d’élite avait appris à mesurer le danger. Il a choisi délibérément de s'exposer parce que c'était à cet instant la seule solution, pour faire cesser la tuerie et sauver une autre, peut-être d'autres vies.

En s'avançant dans le magasin, en posant son téléphone allumé, en acceptant de rentrer dans un face à face mortel avec l'assassin, Arnaud Beltrame a consciemment et librement choisi de faire le sacrifice ultime, en soldat.  Son exemple nous dit qu’il y aura encore et toujours des hommes pour se lever et affronter toutes les formes d’oppression, nazie hier, fondamentaliste aujourd’hui.

Arnaud Beltrame est un héros qui a reçu l’hommage de la Nation entière.  Ce courage vient de loin, il est celui d’une institution où le mot « servir » conserve tout son sens.

Je me rends ainsi, cet après-midi dans la commune de L’Hôpital, où une rue va porter le nom du major Sébastien Turin, gendarme mobile décédé en octobre dernier en portant secours à des automobilistes en détresse. Ce qu’il a accompli relève à la fois d’un acte héroïque, et en même temps du service quotidien de la gendarmerie. Le héros, en gendarmerie, est donc quelqu’un qui se rencontre au coin d’une rue, sur le bord d’une route, dans un centre commercial.

Je crois qu’il y a quelque chose qui relie

▪ le courage des deux minces colonnes de gendarmes mobiles, rassemblées à la hâte, progressant le 5 janvier 1945 le long de la voie ferrée entre Kilstett et Gambsheim, qui reçoivent un déluge de feu et qui, coûte que coûte, poursuivent leur mission malgré les blessés et les morts,

▪ à la bravoure du colonel Beltrame échangeant sa vie contre celle d’un otage,

▪ et à l’abnégation du major Turin, se précipitant sur une autoroute malgré les véhicules pour secourir deux personnes en danger imminent.

Ce qui les relie, c'est le dévouement à notre pays, la foi en nos valeurs, la fidélité aux institutions, le respect de la vie humaine, telle qu’ils s’incarnent sous l’uniforme du gendarme et que nous avons vus une nouvelle fois à l’œuvre pendant la crise des gilets jaunes.

Il est donc bon de se souvenir chaque année, ici à Kilstett, de ce que nous sommes, forts de notre volonté et tous unis par la détermination de servir notre pays et de ne rien céder de ses valeurs.

général de corps d’armée Bruno JOCKERS, commandant la région de gendarmerie Grand Est et la gendarmerie pour la zone de défense et de sécurité Est