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La vie de l'association

Le tricentenaire de la gendarmerie nationale

Une étonnante stabilité dans un monde d'incertitude

Il est intéressant de constater l’étonnante stabilité de la gendarmerie nationale qui fêtait en mars ses trois cent ans. Anniversaire que l’actualité n’a pas permis de mettre en exergue. Mais parler d’un tricentenaire pour la gendarmerie nationale pourrait être jugé incongru de la part d’une société d’histoire, perdant ainsi sa rigueur au profit de considérations corporatistes douteuses.

Expliquons-nous.

La création au début du XVIème siècle, d'un office de prévôt général par province, amorce la sédentarisation des maréchaussées.

En 1720, les maréchaussées sont réorganisées sur le modèle de l'Ile de France : une compagnie par généralité divisée en lieutenances, elles-mêmes divisées en brigades. Il s'agit de contrôler les axes (c'est le contrôle des flux, notamment contre la délinquance) et les lieux de rassemblements de personnes). Les brigades sont donc implantées dans les villes, sièges de marchés ou foires importants ou points de passage obligés.

Le modèle naît dès 1643 avec une compagnie de maréchaussée implantée à Paris, répartie en 4 brigades installées sur les axes y menant, plus une brigade de réserve implantée à Paris même. Ce dispositif est reproduit par COLBERT en 1668, lorsque celui-ci réorganise les forces de police parisiennes avec la création du lieutenant-général de police. Ainsi, la compagnie de maréchaussée de l'Ile de France est répartie en brigades fixes, de cinq hommes chacune, sur les grands axes conduisant à la capitale. Ces brigades sont responsables de la surveillance du territoire sur lequel elles sont implantées et doivent assurer des patrouilles quotidiennes. Une brigade est placée en réserve dans Paris.

C'est donc ce système, qui donne toute satisfaction, qui est généralisé à l'ensemble du Royaume en 1720 par le roi, réforme portée par Claude LEBLANC, secrétaire d'Etat à la guerre. (Source : De la maréchaussée à la gendarmerie - Histoire et patrimoine des gendarmes - Sous la direction de Pascal BROUILLET - Service historique de la gendarmerie nationale)

Pourquoi cette réforme des maréchaussées de 1720 est-elle si importante ? Parce que c'est l'acte de naissance de la Gendarmerie nationale.

La transformation est radicale. Enumérant dans le préambule de l'édit de mars 1720 toutes les causes des déficiences des maréchaussées, le roi décide tout simplement de supprimer les maréchaussées provinciales et d'en créer de nouvelles. L'Edit du roi porte le titre suivant : Edit du roi "portant suppression de tous les officiers et archers et maréchaussées et établissement de nouvelles compagnies des maréchaussées dans toute l'étendu du royaume". Le second texte, l'ordonnance du 16 mars 1720 "concernant la subordination et la discipline des maréchaussées" détermine les modalités d'application de l'édit.

Ce nouveau corps est organisé hiérarchiquement sur le modèle militaire. Les cavaliers de maréchaussée ont tous le même uniforme dans tout le royaume ; les règles d'exécution du service sont précises ; la discipline militaire est rigoureuse. Ils ont l'obligation de résider en caserne ; ils perçoivent une solde fixe avec une périodicité régulière.

A partir de cette date, la maréchaussée puis la gendarmerie nationale vont constituer, par leur dispositif, leur mode de vie, leurs modalités d'exécution de leurs missions, l'un des plus puissants moyens de construction de la nation française.

(Source : Maréchaussées de Lorraine et maréchaussées de France - Général Georges PHILIPPOT - Histoire et patrimoine des gendarmes n°7 - septembre 2013).

Photos : Cavaliers de la maréchaussée source SHD et gendarmes départementaux, source SIRPA Gendarmerie. Carte de la maréchaussée